La cyberagression est définie selon Schoffstall et Cohen (2011) comme étant un comportement commis avec une intention de nuire à un individu, et ce à l’aide d’un ordinateur, d’un téléphone portable ou tout autre appareil électronique. De plus, les auteurs ajoutent la nuance qu’il faut que le comportement soit perçu comme étant aversif par la victime. La cyberintimidation ressemble à la cyberagression, mais inclut dans sa définition un aspect important de pouvoir d’un individu sur autrui (Schoffstall et Cohen, 2011; Volk, Dane et Marini, 2014). Dans les dernières années, dû à l’augmentation de cybercrimes, et ainsi de cybervictimes, plusieurs études se sont concentrées sur les cas de cyberintimidation, mais peu d’entre-elles se sont concentrés sur la cyberagression en tant que telle ni la relation entre les deux.
C’est pourquoi les chercheurs Lapierre et Dane (2020) ont décidé de concentrer cet article sur ces deux problématiques sous une perspective évolutive. Précisément, deux objectifs sont visés : 1) Identifier les groupes de statut de cyber agression-victimisation en utilisant la cyber agression proactive et réactive et la cybervictimisation comme indicateurs; 2) Examiner si les groupes de statut de cyberagression et cybervictimisation présentent des avantages ou des inconvénients sociaux similaires à ceux de la recherche traditionnelle sur l’agression.
Pour ce faire, 400 adolescents ont rempli un questionnaire. Ceux-ci étaient âgés entre 12 à 18 ans et ont été recrutés dans une communauté située en Ontario au Canada. À l’intérieur du questionnaire, les participants répondaient à des questions reliées à la fréquence de leur usage des technologies, et s’ils avaient déjà été victime ou témoins de cyberagression ou cyberintimidation.
Après avoir analysé les questionnaires, les chercheurs ont obtenu les constats suivants :
- 79,4% des adolescents n’étaient pas impliqués du tout dans ces deux problématiques, autant du côté des victimes que des agresseurs, mais 13,1% étaient des cyber agresseurs-victimes mixtes (cyber agression proactive et réactive modérée et cyber-victimisation)
- 7,4% étaient des cyber agresseurs-victimes très réactifs (cyber agression et cyber victimisation modérée, mais très réactive pour la cyberagression).
- Un aspect intéressant qui ressort des nombreux résultats de l’étude est que, comme la théorie de l’évolution et la recherche sur l’agression le suggèrent, les cyber agresseurs-victimes mixtes ont signalé plus de dominance sociale et davantage de partenaires amoureux alors que les cyber agresseurs-victimes très réactifs ont signalé plus de partenaires sexuels, comparativement à leurs pairs qui ont affirmé ne pas avoir été impliqués dans aucune des deux problématiques à l’étude. Par contre, les cyber agresseurs-victimes très réactifs ont signalé davantage d’anxiété en contexte d’intimité et moins de pouvoir social implicite que les groupes mixtes et non impliqués. Ce postulat étant en lien avec la littérature citée par les auteurs, affirmant que l’agression réactive est plus fortement liée aux désavantages sociaux et moins fortement liée aux avantages sociaux, contrairement à l’agression proactive.
Pour conclure, les auteurs discutent sur l’avantage d’utiliser une théorie évolutive même dans un contexte nouveau, comme les problématiques de cyberagression et de cybervictimisation.
Pour citer: : Lapierre, K. R. & Dane, A.V. (2020). Social advantages and disadvantages associated with cyber aggression-victimization: A latent class analysis, Computers in Human Behavior, 113. https://doi.org/10.1016/j.chb.2020.106497