Les scambaiters et leur influence sur la répression policière de la fraude

La fraude n’est pas un nouveau crime apparu dans les années 2000. Elle existe depuis longtemps, mais l’apparition de l’internet a permis sa facilitation et a ouvert les portes à diverses formes de fraudes. Une fraude implique généralement deux individus où l’un essaie d’exploiter l’autre afin d’obtenir un gain financier (Smith, 2008). Cela implique généralement de mentir, de trahir et cause des déceptions importantes chez la victime, en plus des conséquences financières. En dehors des mesures de prévention et de protections des agences gouvernementales et policières, il y a des individus qui agissent en tant qu’appât (scambaiter) afin de détecter et identifier des fraudeurs. Ces individus agissent comme un informateur ou un agent d’infiltration et cherchent à engager une conversation avec des fraudeurs afin de leur faire perdre du temps dans l’objectif de réduire le nombre de temps qu’ils aient pour communiquer avec des victimes. Certains individus prennent ce rôle très au sérieux et le font de manière délibérée dans l’objectif de mener des actions concrètes dans la lutte contre la fraude. Afin d’augmenter en crédibilité, les scambaiters vont parfois se créer une fausse identité, des fausses adresses courriel et une fausse histoire de vie (Zingerle, 2014).

Le but de cette étude est de mieux comprendre le phénomène et les motivations des scambaiters. Particulièrement, les chercheurs Cross et Mayers (2020) désirent identifier comment ces arnaqueurs « éthiques » conceptualisent les victimes de fraudes et les fraudeurs dans les justifications de leurs propres actions.

Pour ce faire, les chercheurs ont analysé le contenu partagé par l’administrateur et les utilisateurs de 419Eater (https://www.419eater.com/) une page internet dédiée au scambaiting. Le contenu a été analysé et codé dans NVivo.

Sommairement, l’étude postule sur deux récits principalement utilisés par les scambaiters lorsqu’il est question des victimes ou des fraudeurs :

1.      Les victimes sont perçues comme étant vulnérables et ne méritent pas leur victimisation.

2.      Les fraudeurs se positionnent comme des êtres rationnels et étant des criminels différents des autres.

Ces deux récits sont utilisés pour motiver et justifier les comportements des scambaiters, qui jouent alors comme des avocats des victimes et visent à punir les fraudeurs.

Pour conclure, l’article fait le lien entre les activités des scambaiters et la police. En effet, ces individus sont invités via la page internet en question à collecter des informations, comme leurs numéros de compte, leurs adresses domiciles, les fausses adresses bancaires, les courriels et toutes informations qui pourraient être utile à une enquête. Cependant, aucune indication n’est mentionnée à savoir ce qui est fait de ces informations. Les scambaiters désirent véritablement punir les fraudeurs en utilisant leurs propres méthodes. Cependant, il est questionnable à savoir si cela a réellement un impact positif pour les victimes, et un impact sur la diminution de cas de fraudes.

Il est important de noter que ces résultats et conclusions ne peuvent être généralisés à l’ensemble des scambaiters considérant que l’étude porte spécifiquement sur une page internet uniquement. Cependant, ce phénomène étant nouveau, il est important de définir qui ils sont, quelles sont leurs motivations et leurs impacts sur la hausse des cas de fraudes sur l’internet.

Pour citer: Cross, C. & Mayers, D. (2020). Scambaiter Narratives of Victims and Offenders and Their Influence on the Policing of Fraud. Policing: A Journal of Policy and Practice.