La conformité sociale est un phénomène bien étudié en psychologie, et surtout en sociopsychologie, principalement en raison de son effet d’influence sur les comportements humains. En effet, la conformité est un fait social qui amène les individus à changer leurs propres comportements, idéaux ou opinions afin de concorder avec la majorité (Asch, 1951). Ces comportements seraient principalement expliqués par la tendance humaine à vouloir être apprécié des autres et se sentir comme les autres. Ces comportements ont été souvent étudiés en psychologie, avec des études d’observation en laboratoire qui ont fortement démontré l’effet de la conformité sociale sur les humains. La littérature propose cependant que certains facteurs personnels, comme le genre (Eagly et Chrvala, 1986), la confiance en soi (Rosenberg, 1963) et la personnalité (Crutchfield, 1955) puissent avoir des impacts sur ce fort désir de conformité sociale. Malgré le grand bassin d’études sur la conformité sociale dans le domaine de la psychologie, elle n’a pas été observée dans le contexte en ligne.
C’est pourquoi les chercheurs Wijenayake et coll. (2020) ont décidé de concentrer leur recherche sur l’étude de l’impact des déterminants contextuels (incluant la taille du groupe majoritaire, le nombre de minorités qui s’opposent à la majorité, et la nature de la tâche) et des déterminants personnels (la confiance en soi, la personnalité et le sexe) sur la conformité sociale sur l’internet.
Pour ce faire, les chercheurs ont créé un questionnaire en ligne qui était composé de questions subjectives et objectives toutes à choix multiples, tous demandant aux participants de situer leurs niveaux de confiance face à leur réponse. Des participants (n = 50) issus de différents domaines d’études ont accepté de répondre aux questionnaires. Après avoir répondu, ils avaient accès à des diagrammes à barre illustrant si le participant était dans le spectre de la conformité ou de la minorité selon les réponses qu’il avait inscrits précédemment. Ils avaient alors la chance de modifier leur réponse s’il le désirait. Après cela, les participants effectuaient un test de personnalité et un entretien semi-structuré.
Voici les principaux résultats de la présente étude :
- 78% des participants se sont conformés aux réponses de la majorité au moins une fois pendant le questionnaire.
- Il n’y a pas de différence significative entre les sexes dans les résultats des analyses.
- Les humains sont portés à se conformer davantage en présence de majorités plus significatives qu’à de faibles majorités.
- La présence ni la taille des groupes minoritaires n’affectent pas les comportements de conformité.
- Les individus sont plus susceptibles de se conformer aux tâches dites « objectives » avec une réponse « correcte ».
- Ils ont observé que les personnes ayant une plus grande confiance en elles sont moins susceptibles de se conformer à la majorité.
- Les personnes ayant une conscience et un névrosisme plus élevés sont plus susceptibles de se conformer.
Les chercheurs concluent que la conformité sociale en ligne dépend de plusieurs facteurs : de la taille de la majorité, de la nature de la tâche, de la confiance en soi et de certains traits de personnalité. Cette étude permet de mettre la lumière sur le rôle de la conformité sociale dans le contexte cyber.
Pour citer l’article: Wijenayake, S., Van Berkel, N., Kostakos, V. & Goncalves, J. (2020). Impact of contextual and personal determinants on online social conformity. Computers in Human Behavior, 108.