La montée en popularité des réseaux sociaux et son côté pratique pour les interactions sociales amènent aussi de nombreux inconvénients. En effet, les jeunes adolescents grandissent avec ces technologies entre leurs mains. En parallèle, le nombre de cas de cyberintimidation augmente en même temps que l’utilisation des réseaux sociaux gagnent du terrain auprès de ces jeunes. Les problématiques d’intimidation à l’école ou entre amis ne datent pas d’hier. Malheureusement, aujourd’hui, les victimes d’intimidation peuvent se faire suivre 24h sur 24h par leurs agresseurs, ne se limitant plus qu’à l’école comme terrain d’agression.
Selon les cas signalés, le taux de victimes de cyberintimidation à l’adolescence se situe entre 20 et 40%. Cela est inquiétant considérant l’impact et la cicatrice psychologique que l’intimidation à l’adolescence laisse aux victimes. Un facteur bien recherché par la chaire scientifique relié à la diminution de la cyberintimidation est la présence d’un ou de plusieurs spectateurs (ou témoins) (Bastiaensens et coll., 2015; Moxey & Bessey, 2019; Salmivalli, 2010). Ce pourcentage minime des interventions d’une tierce personne dans ces moments d’intimidation est alarmant considérant la hausse de la cyberintimidation en général. Surtout, lorsqu’on considère qu’une intervention d’un témoin peut se faire par après, soit lorsque la victime s’ouvre à celle-ci par rapport à sa victimisation. Il est inquiétant de voir que très peu des spectateurs de ces situations d’intimidation décident d’agir et de défendre la victime.
Les chercheures Madeleine Clark et Kay Bussey ont voulu explorer le rôle de l’auto-efficacité et de l’empathie comme facteurs de prédictions de la défense des victimes de cyberintimidation. Ces facteurs sont ressortis dans les recherches empiriques, sans jamais avoir été étudiés ensemble. L’auto-efficacité étant la capacité d’un individu à se percevoir soi-même comme étant apte à intervenir dans un épisode d’intimidation afin d’aider la victime. L’empathie, dans ce contexte, est définie comme une habileté à percevoir les émotions et la détresse d’autrui et d’y répondre de manière empathique.
Les chercheurs ont utilisé une approche quantitative en distribuant un questionnaire à 540 étudiants de 14 écoles indépendantes en Australie. Les participants étaient âgés de 12 à 15 ans et provenaient majoritairement des classes socioéconomiques moyenne à supérieure. Le questionnaire visait 3 mesures principales : l’auto-efficacité en mode défense, l’auto-efficacité à l’empathie et les comportements de défense.
Les résultats sont fondés à partir de trois types d’analyse de données : MANOVA, analyse de corrélation et la régression hiérarchique. Sommairement :
- Les garçons ont rapporté un plus fort taux de cyberintimidation et un plus faible niveau d’empathie que les filles;
- L’auto-efficacité est de manière unique, significative et positivement associé à la prise de défense d’une victime de cyberintimidation.
- L’auto-efficacité et l’empathie ont été positivement associées à la fréquence de la défense d’un acte de cyberintimidation.
- L’auto-efficacité et l’empathie ont des impacts indépendants sur la défense des comportements d’intimidation sur le cyberespace.
Cependant, une limite importante de l’étude est à considérer, soit la représentativité de celle-ci. En effet, l’étude a été effectuée uniquement sur des adolescents, et non sur des parents, personnels aidants ou membres du personnel scolaire pouvant être eux aussi des témoins ou spectateurs. D’autant plus, l’étude s’est produite uniquement dans une région socioéconomique bien développée de l’Australie, alors il est impossible de généraliser mondialement ces résultats.
Toutefois, selon les auteurs les résultats de cette étude pourraient être pertinents pour les programmes d’intervention visant la diminution de la cyberintimidation rmn incluant des discussions et des mises en situation avec les jeunes sur le rôle et la pertinence des tierces personnes à agir et à prendre la défense d’une victime de cyberintimidation.
L’apport de cet article est fondamental dans la construction des bases de recherche empirique sur le sujet ainsi que pour la création de modèles d’intervention.