Stress technologique chez les étudiants universitaires

Les universités du monde entier augmentent continuellement leurs investissements dans l’utilisation de l’apprentissage assisté par la technologie (AAT) pour transformer l’enseignement conventionnel. De plus, le contexte actuel créé par la pandémie COVID-19 a incité les universités à changer la façon dont elles dispensent l’enseignement aux étudiants. L’apprentissage amélioré par la technologie fait référence à toute forme d’apprentissage facilitée par la technologie et se présente sous plusieurs formes, telles que l’apprentissage mobile ou les cours en ligne ouvert et massif (ou Massive Open Online Course (MOOC) en anglais).

L’AAT présente certains avantages pour les étudiants, tels que la flexibilité, la commodité et un accès élargi à des ressources d’apprentissage de qualité. Néanmoins, l’AAR peut également entraîner du stress pour les étudiants universitaires, qui peut prendre la forme d’épuisement, une diminution de l’engagement d’apprentissage, une baisse des performances et des intentions d’abandonner l’AAT. Le stress technologique peut être défini comme un problème d’adoption résultant de l’incapacité des individus à faire face à la technologie et à l’évolution des besoins liés à l’utilisation de la technologie. Le stress technologique est une réaction psychologique à l’inadaptation entre les individus et l’environnement.

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La théorie de l’ajustement personne-environnement (P-E) est utile pour comprendre le stress technologique chez les étudiants universitaires. La théorie soutient que le stress technologique ne provient pas uniquement de la personne ni de l’environnement mais d’une combinaison des deux. L’adéquation entre la personne et l’environnement se produit lorsque des facteurs personnels (par exemple, les besoins, les compétences et les capacités) sont compatibles avec les facteurs environnementaux (approvisionnements, demandes et valeurs). L’inadaptation personne-environnement génère du stress et diminue le bien-être et les performances des individus.

Les étudiants universitaires sont confrontés à de multiples dimensions des environnements d’enseignement liés à l’AAT. D’une part, ils doivent s’adapter aux nouvelles pratiques d’apprentissage, à la pédagogie et aux exigences de l’AAT. D’autre part, ils doivent également faire face aux exigences des universités en matière de l’AAT, telles que l’évaluation de l’AAT et les exigences des travaux et des notes.

Xinghua Wang, Seng Chee Tan et Lu Li ont étudié le stress technologique chez les étudiants universitaires à travers une perspective multidimensionnelle de l’inadaptation P-E: l’inadaptation personne-organisation (P – O), l’inadaptation personne-AAT (P-AAT) et l’inadaptation personne -personne (P – P). De plus, cette étude examine également comment les multiples dimensions de l’inadaptation P-E du stress technologique affectent les perceptions des étudiants universitaires de l’AAT.

Sept cent quarante participants à cette étude ont été recrutés dans deux universités publiques en Chine. Les participants venaient de différentes disciplines, notamment la psychologie, les sciences de l’éducation, les sciences des matériaux, l’informatique et l’ingénierie électronique.

Les résultats de l’étude indiquent que l’inadaptation P – O joue un rôle fondamental car il prédisait fortement l’inadaptation P-TEL et l’inadaptation P – P. Les trois dimensions du stress technologique (P-O, P-TEL et P-P) étaient positivement associées à l’épuisement des étudiants universitaires, ce qui affectait négativement la performance perçue des étudiants en TEL. Encore une fois, parmi les trois dimensions du stress technologique, l’inadaptation P – O a eu le plus d’influence sur l’épuisement des élèves. Cependant, les étudiants étaient plus persévérants avec l’AAT. Ce résultat s’explique par le fait que les étudiants n’ont pas beaucoup de choix lorsqu’il s’agit de l’AAT étant la seule option offerte par les universités. Par conséquent, ils ne peuvent pas abandonner et sont poussés à poursuivre leurs études.

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De plus, les étudiantes étaient plus sujettes à l’épuisement professionnel associé à l’inadaptation P – P et leur performance étaient plus négativement affectée par l’épuisement que les étudiants de sexe masculin. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que les étudiantes ont tendance à se soucier davantage des interactions sociales et des relations avec les autres dans le cadre de l’AAT. En conséquence, elles sont plus sensibles aux conséquences causées par le stress technologique en raison du manque de soutien social et d’interactions à TEL.

La comparaison basée sur les niveaux scolaires montre que les élèves des classes inférieures (1ère année) ont tendance à souffrir davantage d’épuisement lié à l’inadaptation P – P que les élèves de niveau supérieur. Ce résultat pourrait être dû à l’adaptation à un nouvel environnement chez les étudiants de première année. Les étudiants de première année qui sont aliénés de leurs pairs en raison de l’AAT sont plus susceptibles de finir par souffrir de stress technologique et de subir par la suite un épuisement comparativement aux étudiants de niveaux supérieurs.

Cette étude a mis en évidence l’impact de l’AAT sur les étudiants universitaires. Les implications sont cruciales dans le contexte actuel, car de plus en plus d’universités se tournent vers l’apprentissage en ligne.

Pour citer: Wang, X., Tan, S. C. and Li, L. (2020). Technostress in university students’ technology-enhanced learning: An investigation from multidimensional person-environment misfit. Computers in Human Behavior, 105.