Les chercheurs, les journalistes et les politiciens s’inquiètent des effets de la désinformation en ligne. Les fausses nouvelles et la désinformation en ligne ont été particulièrement médiatisées lors des élections américaines de 2016. Certains commentateurs ont même suggéré que la désinformation en ligne a joué un rôle décisif dans cette élection. Une enquête auprès des utilisateurs des médias sociaux canadiens a révélé que 41% des répondants ont trouvé des liens vers des articles d’actualité qui étaient “manifestement faux”.
La désinformation en ligne peut être définie comme «de fausses informations qui sont délibérément diffusées pour tromper les gens», tandis que les fausses nouvelles sont des «articles de presse qui sont intentionnellement et véridiquement faux, et pourraient induire en erreur les lecteurs».
Cet article examine les effets du signalement des fausses nouvelles aux lecteurs. Plus précisément, cette recherche examine l’effet que ce signalement a sur les individus exposés à de fausses nouvelles lorsque d’autres utilisateurs prennent position contre la désinformation et l’identifie comme telle à travers la fonction de commentaire.
Les auteurs ont mené deux études expérimentales:
L’étude 1 cherche à savoir si les lecteurs de la désinformation, en voyant les commentaires des autres soutenant la fausse nouvelle ou s’y opposant en attaquant la nouvelle ou l’utilisateur l’ayant publié, sont plus susceptibles de a) avoir une attitude plus positive ou négative envers le fausses nouvelles b) faire des commentaires de soutien ou d’opposition à la fausse nouvelle et c) partager la fausse nouvelle sur les médias sociaux.
- Un groupe de participants a été soumis à une fausse publication sur les réseaux sociaux avec des commentaires de soutien d’autres utilisateurs. Le deuxième groupe expérimental a été soumis à la même fausse nouvelle sur les médias sociaux, mais cette fois, les commentaires ont identifié la fausse nouvelle comme telle. Le troisième groupe expérimental a été soumis à la même publication de fausse nouvelle sur les réseaux sociaux avec des commentaires à la fois identifiant de manière critique la fausse nouvelle en tant que telle et critiquant l’utilisateur l’ayant publiée pour l’avoir diffusée.
- Les résultats de l’étude 1 montrent que les commentaires et les actions d’autres utilisateurs sur les réseaux sociaux peuvent en effet affecter les réactions et la diffusion de fausses nouvelles en ligne. Les utilisateurs exposés aux commentaires d’autres utilisateurs qui critiquaient la fausse nouvelle avaient une attitude plus faible envers les fausses nouvelles et étaient plus susceptibles de commenter de manière critique et de partager les fausses nouvelles eux-mêmes que les utilisateurs qui étaient exposés à des commentaires favorables aux fausses nouvelles. Ces résultats démontrent clairement le potentiel et la responsabilité des lecteurs ordinaires pour arrêter la propagation et atténuer l’impact des fausses nouvelles et de la désinformation en ligne.
L’étude 2 étudie le même comportement chez les répondants lorsqu’ils sont exposés aux commentaires des autres utilisateurs sur le soutien ou l’opposition à une fausse nouvelle. Cependant, il compare également l’effet des commentaires d’autres utilisateurs identifiant les nouvelles comme fausses avec l’utilisation d’un avertissement officiel de Facebook indiquant que la fausse nouvelle est contestée par des vérificateurs de faits indépendants.
- Un groupe de participants a fait l’objet d’une fausse publication sur les réseaux sociaux sans commentaires ni déni de responsabilité. Le deuxième groupe a fait l’objet d’une fausse publication sur les réseaux sociaux avec des commentaires positifs d’autres utilisateurs. Le troisième groupe a fait l’objet d’une fausse publication sur les réseaux sociaux avec des commentaires soulignant que la nouvelle était fausse. Le quatrième groupe a fait l’objet d’une fausse publication sur les réseaux sociaux avec des commentaires à l’appui de la publication et un avertissement indiquant que son contenu a été contesté par les vérificateurs des faits.
- Les résultats de l’étude 2 indiquent qu’un avertissement n’est pas aussi efficace que les commentaires des autres utilisateurs pour arrêter la propagation de fausses nouvelles. Les attitudes envers le poste et les intentions de partager le poste dans le groupe qui avait vu des commentaires critiques étaient nettement plus faibles que dans le groupe qui avait vu des commentaires de soutien.
Ensemble, les deux études visent à mettre en lumière les effets et l’importance des autres utilisateurs dans la prévention de la diffusion de fausses nouvelles en ligne.