Selon un rapport du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, en 2018, 92 % des Canadiens ont exprimé des préoccupations quant à la protection de leur vie privée. Toutefois, certaines personnes ont un comportement qui met leurs données en danger.
Cette disparité entre préoccupation alléguée et action pratique est connue sous le nom du paradoxe de la confidentialité. Le paradoxe de la confidentialité est défini comme le « décalage entre la préoccupation exprimée et le comportement réel des utilisateurs ». Ce paradoxe se produit généralement en raison d’un manque de sensibilisation et pose un risque particulier avec les nouvelles technologies, comme les dispositifs portables, car ils peuvent être à la fois nouveaux et inconnus. Les montres intelligentes offrent de nombreuses fonctionnalités. Néanmoins, elles peuvent également stocker diverses données personnelles, comme les messages textes et les coordonnées des contacts. Mais les utilisateurs règlent rarement les paramètres disponibles pour protéger leur confidentialité.
La recherche suggère que la sensibilisation devrait aborder le paradoxe de la vie privée. En effet, elle peut mettre en évidence l’existence d’un risque particulier. Mais cela est généralement insuffisant pour changer le comportement de la vie privée.
Afin de résoudre les problèmes de sensibilisation en matière de protection de la vie privée, les auteurs ont développé un prototype de jeu sur montre intelligente. Grâce à cette application, ils ont évalué le changement de comportement des participants. Pour ce faire, ils comparent d’abord les préoccupations et les comportements avant et après les tests. Ensuite, ils comparent les résultats du groupe de traitement avec ceux du groupe de contrôle.
Le groupe de traitement a reçu un jeu de confidentialité personnalisé comprenant des défis pour affiner le comportement. Le groupe de contrôle a reçu la même application, mais sans le thème de la confidentialité.
Pendant le pré-test, dix personnes ont reçu une montre intelligente. Une fois la configuration terminée, l’application de surveillance a été installée sur chaque appareil. Les auteurs ont ensuite distribué un questionnaire afin d’évaluer les préoccupations des participants. Les résultats du questionnaire pré-test ont montré que même si certains utilisaient le verrouillage de l’écran, 60 % avaient négligé cette fonctionnalité. Le GPS était utilisé constamment par tous les individus, ce qui permettait de connaître leur localisation. Dans le cas des autorisations, les paramètres ont été desserrés plutôt que resserrés.
À la fin de la recherche, les auteurs ont distribué des questionnaires de préoccupation identiques au pré-test afin d’analyser l’évolution des opinions au fil de l’étude. Ils ont ensuite mené des entretiens semi-structurés pour évaluer les raisonnements effectués par les participants quant à leur comportement. Les résultats du post-test ont montré que les participants reconnaissent mieux leur comportement. La protection étant utilisée plus fréquemment, les préoccupations et les comportements ont été réalignés.
Bien que les interventions permettent d’ajuster le comportement, elles peuvent perdre de l’efficacité une fois que leur importance diminue. Lorsque les participants oublient le jeu éducatif, ils peuvent réduire leur comportement de protection. Le jeu visait également à améliorer l’auto-efficacité des individus. Même si les participants n’ont pas le désir immédiat de protéger leurs données, il est important qu’ils sachent comment le faire.
Citer cet article : Williams, M., Nurse, J.R.C. et Creese, S. (2019). Smartwatch games: Encouraging privacy-protective behavior in a longitudinal study. Computers in Human Behavior, 99, 39-54.
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