L’augmentation de l’utilisation quotidienne et excessive des téléphones cellulaires dans la dernière décennie à contribué fortement à l’augmentation du nombre de victimes de la mobidépendance. La mobidépendance est un indicateur de l’anxiété vécu chez les utilisateurs d’un téléphone intelligent (ou toute technologie connectée à l’internet) lorsqu’ils font face à l’impossibilité d’utiliser ces appareils. Le cyberharcèlement consiste quant à lui à toutes formes d’agression (physique, verbale, psychologique, sexuelle et autres) qui se produit dans un contexte électronique impliquant l’internet, par exemple sur les réseaux sociaux, les forums de communications, par textos/appels, etc. Ces deux concepts semblent avoir un lien intéressant, mais peu d’études se sont réellement concentrées à identifier le lien qui les rassemble.
C’est pourquoi les chercheurs Catone et al. (2020) se sont intéressés à décrire l’association entre la mobidépendance et la cyberintimidation. Cette étude fut partie des différentes sphères d’analyse de l’étude de Naples sur l’intimidation et la santé mentale des jeunes nommée BYMHNS.
Pour la réalisation de ce grand projet, 2959 étudiants provenant de douze collèges de Naples en Italie ont complété un questionnaire regroupant des questions en lien avec différentes thématiques : 1) le phénomène de la mobidépendance (dépendant aux téléphones intelligents); 2) les réflexes liés à l’omniprésence des téléphones sur soi; 3) la présence ou l’absence du signal de téléphone; 4) la présence de cyberintimidation (autant du côté de la victimisation ou de la perpétration). L’étude s’est étalée sur une période de deux ans et les participants étaient invités à participer plusieurs fois afin d’obtenir des résultats longitudinaux afin d’observer une évolution ou régression des comportements. 97% des participants possèdaient un téléphone, et 69% d’entre eux ont admis utiliser leurs téléphones de manière excessive.
Après avoir complété des analyses transversales, les chercheurs ont conclu plusieurs résultats intéressants, dont deux qui sont ressortis du lot :
1. Les individus étant caractérisés d’une mobidépendance plus élevée sont plus susceptibles de manifester un comportement de cyberintimidation, précisément les comportements reliés à la perpétration.
2. La mobidépendance et la cyberintimidation sont potentiellement toutes deux reliées à des problèmes émotionnels ainsi que comportementaux (c.-à-d. l’hyperactivité).
Cette étude met en lumière le lien potentiel entre la mobidépendance, l’utilisation excessive de son téléphone et les comportements de cyberintimidation (perpétration) chez les jeunes. Cependant, les chercheurs tiennent à mentionner que des études supplémentaires seront nécessaires pour déterminer la direction des relations qui sont restées incertaines dans cette étude, et que des futures études longitudinales de plus longue date pourront aider à éclaircir les informations manquantes.
Pour citer l’article: Catone, G., Paolo Senese, V., Pisano, S., […] Broome, R. M. (2020). The drawbacks of Information and Communication Technologies: Interplay and psychopathological risk of nomophobia and cyber-bullying, results from the bullying and youth mental health Naples study (BYMHNS), Computers in Human Behavior, 113.https://doi.org/10.1016/j.chb.2020.106496