La hausse des crimes cyber engendrent la hausse du nombre de victimes de ce type de crime. En effet, le nombre de victimes ne fait qu’augmenter avec le temps et les conséquences sont de plus en plus importantes. Ces crimes, comme la fraude, le vol d’identité, le piratage informatique, et plus encore, font partie des rares crimes où la victime doit elle-même entamer un long processus afin de trouver justice. Ce long processus, implique de contacter les institutions concernées (ex : institutions bancaires ou agences gouvernementales), la police et les agences de crédit dans bien des cas. Les victimes sondées ont affirmé vivre du stress, de la dépression, de la peur, de la tristesse et de la gêne (Cross et al., 2016b; Kaakinen et coll., 2018).
Bref, il est indéniable qu’être une victime de cybercriminalité est une situation alarmante et déstabilisante. Des études antérieures sur le sujet ont montré que le soutien d’autrui est très aidant dans le processus de restitution du préjudice et d’obtention de l’aide. Cependant, très peu d’individus semblent réellement demander de l’aide à des membres de la famille ou des amis après avoir été la cible d’une attaque informatique.
La présente étude, réalisée par les chercheurs De Kimpe et coll. (2020) cherche à mieux comprendre les comportements de recherche de soutien, précisément pour les victimes de crimes informatiques. Bien qu’il soit difficile d’avoir accès à l’intimité des victimes, à savoir si elles ont eu recours ou pas à de l’aide informelle, comme du soutien familial ou amical, les chercheurs ont utilisé des indicateurs pertinents issus de la littérature et ont produit un sondage.
Plus précisément, l’étude a pris en compte le rôle de (1) la perception (la gravité perçue et le contrôle perçu), (2) les réponses primaires (la culpabilité et le déni) et (3) le capital social (les personnes disponibles et de confiance). De plus, les chercheurs ont exploré le lien entre la peur de la cybercriminalité et ces antécédents auprès des victimes. Pour ce faire, ils ont collecté 334 questionnaires complétés par des victimes de la cybercriminalité. Il est possible de voir dans le tableau suivant les variables utilisées pour les analyses ainsi que leurs brèves descriptions.
Résultats principaux de l’étude :
1. Parmi les victimes totales de l’étude (N=334), seulement 46,4% (N = 155) ont demandé de l’aide à quelqu’un de confiance afin d’avoir du soutien ou des conseils.
2. Les victimes ayant une perception élevée de contrôle sont moins susceptibles de demander du soutien.
3. Les victimes avec des niveaux élevés de culpabilité personnelle sont plus susceptibles de demander de l’aide.
4. La peur de la cybercriminalité est positivement liée à la culpabilité personnelle.
Cependant, les auteurs notent quelques limites avec les données autorévélées dans les études sur la victimisationé Même si les chercheurs définissent bien les termes dont il est question dans l’étude, il n’est pas impossible que des participants omettent certaines informations en raison d’une mauvaise compréhension de la problématique en question. De plus, un participant de l’étude peut avoir été victimisé plusieurs fois, mais va tout de même compter pour un seul cas dans l’étude.
Les études futures devraient prendre en considération le nombre de victimisations par participant. En outre, les auteurs estiment que le recours à des études longitudinales serait pertinent pour étudier ce sujet et obtenir des résultats avec une plus grande portée. Ces études permettraient de constater sur le long terme si les individus demandent de l’aide ou d’observer des tendances plus prononcées. En plus de son apport empirique sur un sujet peu étudié à ce jour, l’étude permet d’élargir les connaissances et l’importance de la recherche sur le soutien et l’aide aux victimes. Les auteurs postulent qu’il serait pertinent que les futures campagnes de prévention et de sensibilisation de mettre l’accent sur l’importance de chercher de l’aide et, surtout, d’éviter de blâmer la victime.