Les différences individuelles influençant la vulnérabilité à la victimisation et ses impacts psychologiques

La forte croissance des crimes informatiques impacte la vaste majorité des pays. Bien que les cyberattaques soient en hausse partout dans le monde, Hong Kong est une des villes qui a été particulièrement touchée financièrement depuis la dernière décennie. Précisément, le nombre total de cas de cybercriminalité signalés a plus que quintuplé de 2009 à 2018 et les pertes financières s’élèvent à plus de 2. 771 milliards de dollars par année (Infosec, 2020). Aucune étude précédente ne s’est concentrée sur les victimes de cybercrimes résidants à Hong Kong, et ce malgré la prévalence importante de ce type de crime dans cette ville.

Des chercheurs de l’Université de Hong Kong et du Montana aux États-Unis ont examiné les mécanismes psychologiques et les conséquences de la cybercriminalité dans le contexte de Hong Kong. L’étude contient deux objectifs principaux : 1) identifier les comportements et les caractéristiques psychologiques des résidents de HK afin de déterminer les individus les plus vulnérables aux cybercrimes 2) délimiter les conséquences reliées à la cybervictimisation.

Afin de répondre au premier objectif, trois hypothèses ont été : 1) tout d’abord, l’hypothèse d’exposition qui postule que les individus utilisant des appareils informatiques sont plus susceptibles d’être victime; 2) l’hypothèse d’excès de confiance postule que les individus avec des niveaux plus élevés d’auto-efficacité informatique ont plus tendance à utiliser fréquemment les technologiques, et par conséquent, d’être plus susceptibles d’être victimisés et, 3) l’hypothèse de la négligence statuant que les individus avec un plus faible niveau d’auto-efficacité informatique sont plus susceptibles d’être victimes de cyber attaques.

Afin de répondre à la question de recherche, les chercheurs ont utilisé un sondage téléphonique. Un total de 1018 participants (N = 1018) ont répondu avec succès aux questions.La victimisation de cybercrimes a été mesurée en fonction d’une liste des dix crimes les plus communs selon le Bureau de la Cybersécurité et des crimes technologiques de la police de HK. La liste inclut les fraudes par courriels, le piratage informatique, la fraude à la carte de crédit, la pornographie juvénile, les crimes reliés aux jeux vidéo, etc.L’utilisation des technologiques de l’information a été mesurée à l’aide de questions sur la fréquence d’utilisation des répondants.

Après avoir réalisé plusieurs analyses, voici les résultats qui sont ressortis :

1)      L’utilisation des technologies l’information est liée positivement à la victimisation de cybercrimes. Ceci implique que plus un individu utilise fréquemment des outils technologiques, plus il est à risque de victimisation.

2)      L’auto-efficacité des technologies de l’information est positivement lié à la cybervictimisation. Selon le modèle, les individus ayant une meilleure perception de leurs aptitudes sur l’internet sont plus à risque que les autres. Ce résultat confirme l’hypothèse d’excès de confiance mais réfute l’hypothèse de la négligence.

3)      La victimisation de ce type de criminalité a des conséquences psychologiques indésirables. Plusieurs autres études ont statué sur l’importance des conséquences sur les victimes, mais les résultats de l’étude démontrent aussi que les victimes deviennent plus inquiètes face aux technologies et face à la justice, tout en ressentant généralement moins de bonheur et de bien-être.

Trois limites principales de l’étude ont été soulevées. Premièrement, l’étude a mesuré tous les cyebrcrimes de la même manière ce qui implique que le fait que certains crimes et situations pouvant causer des conséquences plus importantes que d’autres n’a pas été pris en compte. Deuxièmement, considérant que le questionnaire téléphonique ne permet pas de suivre les changements dans la trajectoire des victimes et les conséquences psychologiques engendrées. Enfin, comme dans toutes les études auprès des individus, la désirabilité sociale peut jouer sur la validité des informations partagées par ceux-ci.

Cette recherche est la première à statuer que plus les usagers utilisent fréquemment des technologies de l’information, plus ils sont enclins à devenir victimes de cybercriminalité, particulièrement s’ils ont trop confiance en leurs aptitudes et savoirs en informatique. D’autre part, les auteurs avancent qu’une attention particulière devrait être mise sur le fait d’améliorer la sensibilité des utilisateurs aux cybermenaces et de leur fournir des outils afin de les contrer. Ceci aurait pour effet de renforcer la résilience des utilisateurs, tout en réduisant l’incidence des nombreuses attaques informatiques.

Pour citer l’article: Cheng, C., Linus, C., Chor-Iam, C. (2020). Individual differences in susceptibility to cybercrime victimization and its psychological aftermath. Computers in Human Behavior, 108.