Les nouvelles technologies ont modifié la manière dont les individus interagissent entre eux. Les collègues, les amis, la famille et les rencontres amoureuses se font de plus en plus via les réseaux sociaux. La disponibilité et l’accessibilité mondiale permettent d’échanger à tout moment, peu importe les fuseaux horaires. Cela permet à plusieurs individus de faire des rencontres ou de garder contact avec des partenaires amoureux ou sexuels malgré la distance. Cependant, les nouvelles rencontres peuvent amener certains risques, comme des cas d’actions sexuelles non désirées.
La violence sexuelle facilitée par la technologie (« technology-facilitated sexual violence » (TFSV) en anglais) est définie comme étant l’ensemble des comportements sexuels préjudiciables qui ont été soit activés, soutenus ou encouragés par un moyen de communication technologique. Les études distinguent les cas de TFSV en cinq catégories : le harcèlement sexuel en ligne, l’exploitation sexuelle par image, le cyberharcèlement, le harcèlement sexiste et sexuel et l’agression sexuelle/coercition. Dans une étude australienne, 60% des 2956 participants ont affirmé avoir été victime d’harcèlement sexuel en ligne au moins une fois dans leur vie (Powell et Henry, 2015). Une étude américaine a quant à elle démontré que sur les 2849 participants,76% ont déjà été témoins d’un TFSV et 40% en ont été victime (Duggan, 2014).
Les chercheurs, Linda R. Zhong, Mark R. Kebbell et Julianne L. Webster se sont donc penché sur le potentiel d’Internet d’influencer les individus à commettre des offenses sexuelles comme les TFSV.
Un questionnaire a été distribué via la plateforme « Qualtrics » à 340 étudiants universitaires (237 femmes et 103 hommes) . Le questionnaire comportait cinq scénarios TFSV concernant différentes thématiques : le harcèlement sexuel en ligne, l’exploitation sexuelle par image, cyberharcèlement, harcèlement sexiste et sexuel et l’agression sexuelle/coercition. Pour chaque thème, un scénario a été créé incluant un cas d’agression et la réponse de la victime (ne pas répondre à la demande de l’agresseur, être séduisante, rejeter respectueusement l’homme ou le rejeter agressivement). Par la suite, les participants de l’étude devaient identifier si 1) l’agresseur ou la victime avait agi de manière appropriée 2) qui était responsable de la situation 3) les probabilités de commettre un TFSV. Les chercheurs ont utilisé l’effet de désinhibition en ligne et l’échelle de stratégies sexuelles (« Sexual Strategies Scale » (SSS) en anglais) comme mesure dans leur analyse.
Les résultats principaux de l’étude ont montré que:
- Internet serait un amplificateur pour les agressions sexuelles. Cependant, il jouait un rôle plus important et unique dans les décisions individuelles de commettre ou non un TFSV.
- Les agresseurs sont jugés par les participants comme irresponsables et beaucoup moins appropriés dans les situations que les victimes.
- La désinhibition toxique ainsi que l’agression sexuelle étaient des prédicteurs positifs avec un taux de probabilité plus élevée de commettre un TFSV.
- Le TFSV pouvait être dû à un mélange entre une combinaison d’agression sexuelle et la désinhibition toxique.
- Les expériences passées des individus ont un impact sur la perception des individus face aux TFSV.
Une limite importante à considérer de cette étude est la notion de désirabilité sociale. C’est un risque à prendre lorsqu’on étudie des sujets plus tabous dans la société. Les individus ont tendance à minimiser les mauvais comportements qu’ils pourraient commettre et exagérer les bons comportements.
Cette étude exploratoire permet d’offrir un aperçu d’une problématique qui est difficile à définir et à contrôler par les agences d’application de la loi. Les résultats de l’étude permettent également de faire avancer les recherches empiriques sur les comportements des TFSV.