Prédire la victimisation de la fraude en ligne

La fraude en ligne englobe tous les types de fraude, tels que la fraude par marketing de masse, la fraude sur les redevances d’avance et le vol d’identité. Les cas de fraude en ligne sont à la hausse au Canada. En 2017, selon Statistique Canada, 13 426 cas de fraude en ligne ont été signalés aux autorités, soit près du double du nombre signalé en 2014.

À l’aide de théories psychologiques et criminologiques, Monica Whitty a examiné les prédicteurs de la victimisation dans les cas de fraude en ligne. Ses recherches portaient notamment sur les caractéristiques psychologiques et sociodémographiques, et les comportements en ligne susceptibles de victimiser les individus à la fraude en ligne. En ce qui concerne l’aspect sur les comportements en ligne, l’auteure s’est appuyée sur la théorie de l’activité routinière proposée par Cohen et Felson. Selon cette théorie, le crime n’est pas affecté par des causes sociales telles que la pauvreté et les inégalités. Les individus deviennent victimes de crime parce qu’ils participent à des activités ou à des comportements «à haut risque» en l’absence de tutelle compétente (personne ou objet empêchant la perpétration d’une infraction) et en compagnie de délinquants motivés. Ainsi, l’opportunité criminelle serait la cause première de la victimisation. La recherche est basée sur un questionnaire en ligne comprenant des inventaires de personnalité et des éléments conçus pour mesurer des données descriptives démographiques, des activités de routine et des comportements de tutelle en ligne.

Les résultats ont montré que tous les participants de l’échantillon avaient été exposés à une fraude en ligne à un moment donné de leur vie et que 7% d’entre eux avaient perdu de l’argent. Cependant, même si certains types de personnes risquaient davantage de se mettre en danger et de se protéger, les résultats ont montré que les caractéristiques psychologiques et les activités routinières étaient importantes à prendre en compte lors de la prédiction de la victimisation. Certaines des variables prédictives proposées dans l’étude n’étaient pas toutes significatives dans la direction suggérée, telles que l’éducation, le manque de préméditation, le locus de contrôle et les comportements de tutelle en ligne. Les raisons pour lesquelles les personnes instruites de cette étude risquaient davantage d’être arnaquées pourrait s’expliquer par la trop grande confiance en la capacité de reconnaître les escroqueries. Ces personnes auraient donc un sentiment d’invulnérabilité. Les personnes instruites pourraient être plus susceptibles de penser qu’elles peuvent repérer une arnaque et ainsi consacrer moins d’efforts à la recherche d’indices de persuasion et de tromperie. Une constatation importante ici est que les comportements de tutelle en ligne ne protégeaient pas les individus contre l’arnaque. En fait, la conclusion opposée a été révélée. S’engager dans des comportements de tutelle en ligne pourrait exposer davantage les individus à des arnaques / arnaqueurs et / ou à des sites mal informés sur  sur comment se protéger contre les arnaques.

Cette étude a fourni de nouvelles informations sur les types de personnes et les comportements de routine qui exposent les individus à un risque accru de se faire arnaquer. Toute approche visant à prévenir l’escroquerie frauduleuse doit prendre en compte à la fois les caractéristiques socio-démographiques, la personnalité et les activités routinières. En outre, avoir une approche fondée sur  l’activité routinière ou sur la personnalité ne suffit pas à prédire les facteurs de victimisation de la fraude en ligne.

 

Citer: Whitty,  M. T. (2019). Predicting susceptibility to cyber-fraud victimhood. Journal of Financial Crime, 26(1), 277-292

Source: https://doi.org/10.1108/JFC-10-2017-009